Cahier de Lucien Dodin père, page 25

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consultations gratuites - éreinté son adversaire - trois élections complémentaires - la radicaille locale

Ensemble des fac-similé

Le Publicateur dimanche 22 février 1889

(note: le 22 février 1889 étant un vendredi, difficile de savoir la date de cet article: vendredi 22 ou dimanche 24?)

Après les carottes, le « navet

Une séance du Conseil municipal de Challans en l'an de grâce 188, tel était le titre d'un article inséré dans le Libéral du 22 février.

C'est un morceau de littérature aussi niais que mal écrit; bon tout au plus, à être jeté au panier aux ordures.

Nous avons, je crois, deux officiers d'Académie dans notre ville de Challans, une espèce de poète, et un docteur qui est censé « donner des consultations gratuites », Voilà le moment de faire élire un nouveau confrère ; quel beau trio nous aurions alors Mon « spectateur » n'eut-il écrit que le compte-rendu de la séance de Challans, je le reconnaîtrais pour un maître homme.

M. le docteur Dodin traitait dernièrement un de mes amis "de maître insulteur", que dira-t-il de son compère républicain. Pouah ! que c'est repoussant!

Oui, tous ceux que vous respectez, habitants de la commune de Challans : M. le Curé, M. le Maire, ses deux adjoints, tout votre Conseil municipal, M. Dodin excepté, sont vilipendés et traînés dans la boue.

Par qui?

Il y a de tout dans cet article ; qui en serait surpris, il a été trouvé dans une table de nuit; oui, il ya de tout, même les oh ! là ! lá ! gémissements plaintifs de M. Dodin revenant de la première séance du Conseil municipal. Comme César, il aurait pu dire à ses amis en sortant de la mairie: Je suis venu, j'ai vu, mais il n'aurait pas pu ajouter : J ai vaincu.

Oh! la! la! c'est dur: docteur, n'est-il pas vrai? Ce jour-là que n'étiez-vous à chasser du côté de Saint-Gervais, que ne portiez-vous, comme Froumenty, pour la fameuse soupe de l'hôpital, des carottes et des choux.

Mais non ! "un peu de discussion ne fera pas de mal" lisions-nous dans votre circulaire. - Qu'en pensez-vous maintenant?

Le « spectateur » reprochait en quelque sorte au père de notre honorable ami M. Thibaud, « d'avoir sacrifié 40.000 francs pour son éducation ». Eh ! mais, cela n'a pas été perdu, car il a éreinté son adversaire de la plus belle façon.

C'est ce jour-là, mon cher "spectateur" qu'il fallait vous trouver à la mairie pour parer les coups « de cette volée de bois vert » administrée à votre candidat.

Nous n'aurons besoin ni d'Arnaudeau, ni de balai pour vous mettre M. Dodin à la porte; quant au « spectateur », après le chef-d'oeuvre qu'il vient de faire, il ne lui reste plus qu'à mourir.

Vous le regardez peut-être, ô citoyens, comme un littérateur distingué : «Ça un littérateur, aurait dit Louis Veuillot, moi j'appelle ça UN NAVET.»

L'Autorité vendredi 22 février 1889

LE PRÉFET DE LA VENDÉE

S'il est un rôle odieux entre tous, c'est celui d'un préfet de la République au milieu d'administrés qui exècrent ce régime, comme en Vendée.

Le préfet est là comme un tyran isolé par le mépris universel; il faut qu'il lutte contre les croyances, les traditions, les coutumes de la majorité des électeurs.

Comme les généraux de Rome, on les envoie dans les régions hostiles, avec mission de vaincre ou de mourir.

Ils meurent toujours, mais non sans avoir entassé exactions sur vexations, pour tâcher d'arracher par la pression, par l'habileté, par le truquage, des votes républicains qui ne sortent jamais de l'urne.

Le préfet Edmond Robert, s'exerce en ce moment à cette sale besogne pour laquelle il est payé et qui lui convient à merveille.

La commune de Challans, l'une des plus conservatrices de ce pays si démocratique, est l'objectif de ses vains efforts.

Voici les petits moyens mis en action, pour triompher du suffrage universel.

Depuis quatre mois, le préfet a imposé trois élections complémentaires à cette commune, et cela, contre toute légalité, car il ne s'agissait que de pourvoir à un seul siège.

Ah! vous nommez des réactionnaires, s'est écrié le satrape de la Vendée, eh bien, je vais vous faire voter tant et tant que vous vous lasserez ! »

Et il espérait, ce roublard, qu'un républicain profiterait de la lassitude légitime du corps électoral.

Il n'en a rien été, un conservateur a été élu le 26 octobre, un autre le 18 novembre; de rage, le préfet fit invalider l'élection par le conseil de préfecture, à la date du 12 décembre, et convoqua les électeurs pour le 10 février.

Si le délai était si long, c'est qu'il s'agissait de trouver un candidat républicain.

Le 8 février, les conservateurs étaient entièrement préparés à affronter la bataille du surlendemain, lorsque parut un nouvel arrêté annulant le précédent et ajournant l'élection au 24 de ce mois, c'est-à-dire à dimanche prochain!

Les raisons de cet arrêté sont multiples, mais la principale est qu'on n'avait pu trouver la victime républicaine résignée à se sacrifier.

Personne ne voulait endosser la veste, personne ne le veut encore, ni Cantin le blackboulé du 18 novembre qui en a assez, ni Herbert l'ex-notaire.

Le préfet risque fort de rentrer bredouille de sa chasse au candidat, bien qu'il ait mis en campagne tous ses limiers de sous-préfecture. • Autre détail : dans son arrêté fixant les élections au 10 février, le préfet crut très habile de n'ouvrir le scrutin qu'à neuf heures du matin, pour empêcher les électeurs de la campagne de voter; puis, sur le rapport d'un sieur Dodin, chef de la radicaille locale, ayant appris que le curé retarderait les messes le 10 février, il comprit que son truc était éventé.

De là peut-être aussi une autre cause d'ajournement, car l'arrêté du 24 février porte que le scrutin s'ouvrira à huit heures.

Quoi qu'il en soit, et quoi qu'il fasse, le verdict des électeurs soufflettera dimanche prochain le préfet Edmond Robert, dont les finasseries cousues de fil blanc et les piqûres d'épingle n'auront servi qu'à augmenter le dégoût qu'inspire ce valet de la R. F.

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