Cahier de Lucien Dodin père, page 07

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Salle de l'avenir - lyre challandaise - sociétés de secours mutuel

Ensemble des fac-similé

Il s'agit d'un document manuscrit, noté en haut de la première page "allocution prononcée à l'inauguration de la Salle de l'Avenir" à Challans le Dimanche 17 mai 1885"

Première page

Mesdames, messieurs,

La société qui a présidé à la construction de la salle dans laquelle vous êtes réunis, m'a confié l'honneur de vous souhaiter la bienvenue.

La Lyre Challandaise m'a prié de vous remercier de l'empressement avec lequel vous avez répondu à son invitation.

Constatons-le une fois de plus: nous sommes assurés de votre concours, toutes les fois que nous entreprenons une œuvre mue par un large esprit libéral.

Je dois vous dire un mot du but que nous poursuivons.

Deuxième page

Ce but, vous le connaissez, est l'affranchissement de la conscience et de l'intelligence humaine.

Il a été fait beaucoup à Challans dans cette pensée: les jeunes gens qui se présentent aujourd'hui devant vous, n'ont eu qu'à suivre le chemin tracé.

Permettez-moi de vous entretenir brièvement des sociétés auxquelles je veux faire allusion.

Il y a 25 ans bientôt, le Dr Riou fondait avec quelques amis la Société de Secours mutuels, vous n'ignorez pas quels services elle a rendus; ceux qu'elle rendra encore.

L'on ne peut pas dire qu'elle n'est pas libérale.

Troisième page

Vous savez avec quelle énergie elle a affirmé les convictions républicaines, chaque fois qu'elle a été consultée à ce sujet.

En second lieu, une œuvre toute de charité, dirigée par des dames laïques (car tout le monde est laïque chez nous) s'est chargé de fournir des vêtements aux enfants pauvres de nos écoles. Ces dames viennent d'offrir à notre fanfare une splendide bannière tricolore.

Elles vont tout à l'heure quêter pour permettre à nos musiciens d'aller se faire entendre dans les départements voisins.

Une de mes amies, dans une spirituelle boutade appelait Challans un "Phare lumineux" au fond d'un marais d'ombre.

Quatrième page

Cette expression pittoresque est juste. Nous travaillons tous les jours au développement de l'instruction dans notre pays, et nous luttons avec acharnement pour le triomphe de cette noble cause.

S'il est des choses que nos paysans devraient bénir, ce sont ces lois bienfaisante en faveur de l'instruction primaire gratuite, obligatoire et laïque.

Il est un phénomène étonnant, c'est cette guerre faite avec une persistance et une ténacité rares par les ignorants aux hommes de bonne volonté qui essaient de les tirer de l'ornière; par les aveugles à la lumière... Cette campagne, il est vrai, ne pouvait être menée par d'autres.

Cinquième page

En 1830, les maraîchiers du Perrier se rendaient armés de faux au devant des Cheminaux qui traçaient la route nationale. Cette route fut faite malgré eux.

Et bien! nous sommes ces Cheminaux; nous avons abandonné la pelle et la pioche, nous arrivons le truelle et le marteau à la main; aujourd'hui nous construisons des écoles de hameaux; et nous retrouvons nos maraîchiers.

Nous avons fait plus encore, nous possédons une société de protection des deux écoles laïques.

Celle-ci s'est donné pour mission de fournir à nos écoliers l'appui qu'une municipalité qui se rendrait compte plus exactement de ses devoirs devrait leur donner.

Sixième page

Puis, dans un ordre plus modeste, viennent: la bibliothèque populaire, fondée depuis deux années à peine, elle possède plus de 600 volumes en compte chez près de 200 lecteurs.

La lyre Challandaise, société qui, à peine organisée, se trouve en situation de nous offrir une charmante soirée.

Enfin la Salle de l'Avenir, au succès de laquelle nous attachons une extrême importance; Elles est appelée, en effet, à être la clef de voûte de toutes ces sociétés dont je viens de vous énumérer la liste.

Je ne saurais mieux la comparer qu'à une de ces marmites infernales, dans lesquelles

Septième page

...comme notre curé au prône le répète

Nous irons bouillir ensemble,... plus tard.

Dans cette marmite, on fera beaucoup de choses; on y fera des conférences littéraires, dans lesquelles on dira du bien des vieux auteurs, on y fera des conférences politiques où l'on dira du mal du voisin; on y fera de la musique; on y chantera; on y dansera.

Si, un jour, elle est inoccupée, qu'un bon commerçant veuille étaler sa marchandise pour nous la vendre argent comptant, nous lui ouvrirons notre porte. Car nous ne sommes pas des gentils hommes, n'étant pas riches, nous ne sommes pas fiers et nous serions heureux que cette salle puisse se suffire à elle-même.

Huitième page

Je viens de vous dire que l'on ferait ici des conférences littéraires. Vous allez entendre la première.

Un de nos amis que la plupart d'entre vous connaissent déjà, monsieur Champury, vous entretiendra du "Rôle de l'Art en province". Aucun sujet ne pouvait vous intéresser davantage.

Monsieur Champury défend depuis longtemps les intérêts de la démocratie dans un grand journal de Nantes; j'ai nommé le Phare de la Loire. Vous savez quelle part il a pris à la fondation de Bibliothèques Populaires, à l'organisation de la société de secours pour les travailleurs.

C'est à lui que les conférences populaires de Nantes ont du leur succès. Sa présence parmi nous est de bon augure. Vous allez avoir le plaisir de l'applaudir tout à l'heure.

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