Cahier de Lucien Dodin père, page 37

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meubler les salles désertes - guerre à la licence - de lettres, de sciences, d'histoire - entre le village et la mer - municipalité de Bouin

Ensemble des fac-similé

Vendée républicaine samedi 3 janvier 1891

LES LICENCIÉS A L'ÉCOLE PRIMAIRE

Nos honorables députés, dans un but d'économie dont le mobile est assurément louable, ont, il y a quelques jours, réduit de 10.000 fr. le crédit affecté aux bourses de licence. Nous possédions jadis des Facultés où le nombre des professeurs dépassait de quelques unités le nombre des élèves, et pour supprimer cette différence et meubler les salles désertes, l'Etat avait alors jugé utile d'augmenter le al nombre des boursiers. Le vent a tourné, nos professeurs out sans doute besoin de repos, puisque personne n'a protesté contre cette suppression; donc tout est bien. On eût pu ramener le nombre des évêques au chiffre fixé par le Concordat, et le boni eut dépassé les 10.000 francs nécessaires à l'équilibre du budget. Mais depuis vingt ans que l'on rogne sur toutes choses, on redoute, je ne sais pourquoi, de faire crier l'armée des monarchistes, ces martyrs; en réduisant au strict nécessaire le nombre de ses chefs dont les fonctions religieuses sont le moindre des soucis. En ce siècle de chemins de fer, on peut cependant en quelques semaines distribuer la confirmation à de nombreux fidèles ; et le public vendéen, notamment, s'accoutumerait vite, la valeur de l'opération étant égale: à être confirmé par Mgr de la Rochelle, si Mgr de Luçon était enlevé à notre vénération, mais la solution de cette question n'est pas mûre, paraît-il, attendons qu'elle soit pourrie.

Donc, si l'on ne fait la guerre à la licence, on se décide à la faire aux licenciés. Voudrait-on acclimater dans notre belle France, amie des lettres et des sciences, l'idée barbare qu'il existe une limite d'instruction, et qu'il est bon de ne la point dépasser. Ne lisons-nous pas dans les gazettes la menace de voir la France se meubler de déclassés crevant de faim, s'ils ne trouvent place dans un chaud fonctionnariat : un jeune homme muni de diplômes, serait, à entendre ces prophètes de malheur absolument bon à rien. Et quant aux femmes, ils n'y aurait plus de cocottes ne possédant au moins leur brevet supérieur; tant mieux, nos enfants prendront peut-être avec elles du goût au travail, et s'accoutumeront à mettre les points sur les i. Il n'est pas, aujourd'hui, jusqu'aux séminaristes qui n'y puissent trouver avantage. Comme tout change en ce monde, quand j'étais étudiant, Lisette écrivait l'orthographe, à rendre jaloux un élève de l'école des frères.

Au lieu de détourner des études supérieures les meilleurs élèves des Lycées, pourquoi ne leur ouvre-t-on pas toutes grandes les portes de nos écoles primaires. Ces jeunes et excellents maîtres qui se préparent aux difficiles concours de l'agrégation, y pourraient-ils faire mauvaise figure? On ne les chargerait pas, je le conçois d'apprendre l'alphabet, aux marmots bien que nous les supposions capables de ce pénible labeur : il est possible de trouver pour eux un emploi mieux approprié à leurs facultés. On pourrait ouvrir dans nombre d'écoles primaires des classes de lettres, de sciences, d'histoire, et on y conduirait les grands garçons auxquels les familles ne peuvent payer un coûteux internat au collège ou lycée voisin. Les maîtres seraient-là dans leur rôle : Complément nécessaire, ils élèveraient en peu d'années non seulement le niveau de notre enseignement public, mais le niveau intellectuel de nos populations. Après deux ou trois années seulement d'Ecole normale, peut-on décemment réclamer de nos instituteurs plus qu'un bon enseignement élémentaire.

Nos jeunes licenciés accepteraient volontiers ces situations inférieures, inférieures surtout au point de vue pécuniaire, mais ils ne le peuvent ; or, quelles sont les raisons de cette impossibilité ? Une montagne les arrête, une montagne de papiers. Un licencié peut devenir instituteur, mais instituteur, il restera sa vie durant et ne pourra jamais compter sur une situation de professeur dans un collège ou un lycée, la paperasserie française le lui défend, Il ne peut espérer dans une sorte de surnumérariat un avancement auquel il aurait tous les droits. Les socialistes voudraient rendre accessibles à tous les petits français le grade de bachelier, nous en réclamerions pas autant, bien que cette perspective n'ait rien de redoutable, un bachelier pouvant aussi bien qu'un illettré conduire les bœufs.

A quoi servent toutes ces nomenclatures, instruction primaire, secondaire, professionnelle, supérieure, et ces divisions irréductibles du personnel ? Quel malheur, dites donc, si un savant, après avoir débuté par être sous maître à l'Ecole primaire des Sables-d'Olonne allait vers la fin de sa carrière faire la classe dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.

Conseil Municipal de Beauvois, 17 août 1890

Conseil Municipal de Beauvoir, 17 août 1890

Extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal de la commune de Beauvoir-sur-mer objet : Village de l'Époids dépendant de la commune de Bouin

Séance ordinaire du 17 août 1890

L’an mil huit cent quatre vingt dix, le dimanche 17 du mois d’août à l’heure de midi et demie,

Le conseil municipal de la commune de Beauvoir-sur-mer dûment convoqué par Mr le Maire, s’est assemblé au lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de Mr Léopold Gallez Maire, pour la session ordinaire d’août et sa continuation en conformité de l’arrêté de Mr le Préfet de la Vendée du 16 juillet dernier.


Pour fixer les idées, la carte de Google Maps

Présents : (liste des présents, difficilement lisible)

Conformément à l’article 59 de la loi du 5 avril 1884, il a été procédé à la nomination d’un secrétaire pris dans le sein du conseil : Mr Duplein ayant obtenu la majorité des suffrages a été désigné pour remplir ces fonctions qu’il a acceptées.

Avis Conseil

Le conseil, après examen des pièces qui lui sont soumises et après délibération, émet l’avis suivant à l’unanimité des membres présents :

1° En ce qui touche la question de forme

Considérant que la pétition demandant l’annexion du village de l'Époids à la commune de Beauvoir-sur-mer et à laquelle auraient adhéré trente cinq électeurs dudit village, n’est pas établie sur papier timbré, qu’elle n’est même pas datée ; que les signatures ne sont pas légalisées par Mr le Maire de Bouin qui avait seul qualité pour en certifier l’authenticité ainsi que celles des croix ; que les croix, au contraire, sont légalisées par deux personnes qui n’avaient aucun mandat pour cela, savoir le sieur Piberne, agent des Ponts et Chaussées n’habitant l'Époids que depuis peu d’années et que ses fonctions exposent à être déplacé d’un point à l’autre ; et le sieur Burgand, ancien commissionnaire, aujourd’hui marin pêcheur lequel en moins d’un an, a subi deux condamnations à la prison pour coups et blessures (octobre 1889 et juillet 1890)

Considérant qu’un des signataires n’est plus électeur depuis 1889, par suite d’une condamnation inconnue et que de plus avec sept autres de ses camarades il a également adhéré à la pétition contraire, celle qui demandait le maintien du village dans la commune de Bouin, qu’il n’est revêtu d’aucune des formalités exigées pour un objet aussi grave, et qu’ainsi dépourvu de tout caractère authentique et sérieux, il ne saurait fixer l’attention des pouvoirs publics.

Considérant d’autre part que le plan annexé à la demande a été dressé par Mr Bonnet, agent voyer comme géomètre, et non comme agent voyer cantonal, que ce plan n’a point été établi par le service vicinal et sur la demande de l’autorité supérieure, que les limites nouvelles n’ont point été fixées par des hommes compétents et après avoir consulté les municipalités et les conseils municipaux des deux communes intéressées, qu’il en est de même de la superficie à détacher, laquelle est teintée en jaune et se trouve évaluée à soixante quatorze hectares, qu’il est impossible de se rendre compte par qui et pourquoi ces limites et cette superficie de 74 hectares ont été établies de la sorte ; impossible d’apprécier si les limites proposées sont conformes aux règles du cadastre et si elles seront facilement reportées sur le terrain.

Considérant, enfin, que le service de la mairie, le service des ponts et chaussées et le service vicinal n’ont point été consultés, à la connaissance du conseil, que le dossier ne renferme aucun tableau de renseignements statistiques ni aucun rapport exposant les conséquences du projet en ce qui concerne l’assiette de l’impôt et les forces contributives des communes intéressées (l’inventaire du ministre de l’intérieur 15 mars 1884).

Le conseil estime qu’un projet présenté dans de semblables conditions est véritablement irrégulier et incomplet et que, pour tous ces vices de forme il y aurait lieu de l’écarter avant de l’examiner au fond.

2° En ce qui concerne la question de fond

Considérant que si, négligeant les vices de forme, signalés d’autre part, l’on consent à examiner le fond, l’on est appelé tout d’abord à reconnaître que cette question du détachement de l'Époids n’est pas nouvelle, qu’elle s’est produite plusieurs fois dans le passé, sans pouvoir aboutir, qu’on aurait tort de s’appuyer pour soutenir le projet sur le renouvellement de la demande à certaines époques, qu’au contraire, son rejet par toutes les administrations qui se sont succédées prouve jusqu’à l’évidence que cette question ne s’est jamais présentée, pas plus dans le passé qu’aujourd’hui, dans des conditions pouvant motiver une mesure aussi grave que celle entraînant des modifications dans les limites de deux communes.

Considérant que pour donner satisfaction aux pétitionnaires il faudrait démembre une île, et substituer à un bras de mer, qui s’est rétréci avec le temps , mais qui a toujours une certaine largeur, c’est à dire une limite naturelle, à un étier (?) rempli par l’eau de mer, des limites de convention qui, dans le projet, ne sont pas désignées d’une manière suffisante et qu’en pareil cas, sont toujours très difficiles à fixer.

Considérant que des modifications de cette nature ne pourraient s’effectuer utilement que d’après un plan d’ensemble et lorsque le cadastre serait révisé pour toutes les communes.

Considérant que les limites nouvelles ne comprendraient pas toute l’étendue de la rive droite, (rive que Mr Dodin, par erreur, confond avec la rive gauche, plaçant celle-ci sur le territoire de Bouin et la rive droite sur le territoire de Beauvoir) si bien qu’il est erroné de dire que le port dépendrait tout entier de cette dernière commune, puisque les cales, les estacades, etc. c’est à dire le port lui-même, depuis le pont du bec, jusqu’à la pointe du phare, resterait annexé à la commune de Bouin ; que le projet, pour être logique, devrait comprendre toute l’étendue des polders qui se trouvent situés entre le village et la mer.

Considérant qu’au point de vue de l’aggravation des charges, l’absence de toute rapport et de tout tableau statistique, ne permet pas de s’en rendre compte, même d’une façon approximative ; que, cependant, ainsi que le Conseil l’a déjà exposé dans sa délibération du 14 juin dernier, et la Mairie dans sa note du 30 juillet, il est facile de prévoir que l’augmentation des revenus provenant de l’annexion de 74 hectares, serait loin de compenser les sacrifices que la commune de Beauvoir serait obligé de s’imposer, surtout pour secourir les malades et les indigents (voir la délibération et la note précitées, ainsi que les délibérations et les mémoires fournis par la commune de Bouin) ; que Beauvoir devrait entretenir les rues et chemins qui ne font pas partie de la grande communication et coopérer seul, de ses deniers, aux travaux d’amélioration du port, puisque désormais l’État exige, pour les dépenses de construction et d’entretien, le concours des communes.

Que pour l’entretien du phare, dans l’avenir, la commune de Bouin se refuserait à fournir une subvention et que la dépense totale (470 F) incomberait à Beauvoir ; que le Conseil serait contraint, non seulement d’augmenter la subvention du bureau de bienfaisance, dans une proportion notable, mais aussi d’élever le chiffre des crédits annuels consacrés aux indemnités du docteur-médecin et de la sage-femme, etc.

Considérant que si la pétition présentée pour la séparation, semble au premier calcul compter 35 adhérents, il y a lieu d’en retrancher les huit personnes qui ont signé également la contre-pétition, que celle-ci, établie dans des conditions régulières, est revêtue de 38 signatures ou croix dûment légalisées, émanant de 33 hommes et de 5 femmes veuves et chef de famille ; qu’à cette dernière pétition, protestant contre tout démembrement, ont adhéré, au nombre de 43, tous les propriétaires et fermiers des terrains à détacher ; que parmi ces propriétaires figurent la commission administrative de l’hospice de Bouin, la société des propriétaires, et la société des polders qui a agrandi la commune d’une surface de près de 500 hectares et dont les travaux forment et défendent le port de l'Époids ; que le jour ou les électeurs de cette section ont été appelés à nommer une commission syndicale de 5 membres, (le 19 juillet dernier) les syndics élus ont obtenu à peine la majorité absolue (22 suffrages contre 20 sur 52 inscrits) ; que s’il existe un courant en faveur du rattachement à Beauvoir, un autre courant plus fort, plus indépendant, plus autorisé, puisqu’il se compose de marins pêcheurs et de cultivateurs, de propriétaires et de fermiers, réclame avec énergie le maintien du village dans la commune de Bouin.

Considérant qu’en face des 27 partisans de la séparation, lesquels ne se sont plus trouvés que 22, le 13 juillet 1890, et à côté des 85 partisans du maintien de l’état de choses actuel, l’on trouve au premier rang de l’opposition la municipalité et le Conseil de Bouin, à l’unanimité des leurs membres ; que la dite municipalité et le conseil n’ont fait que renouveler et confirmer l’opinion de leurs prédécesseurs dont les plus autorisés ont été MM. Luneau, Dureau, Colin, Touzeau, Franco, Nanlleau, etc. Qu’il en a été de même pour Beauvoir, attendu que dans le passé, les Maires et ses conseillers municipaux n’ont jamais voulu s’agrandir aux dépends de leurs voisins.

Considérant que le conseil municipal de Bouin, dans ses différentes délibérations a exposé avec raison :

"Qu’aujourd’hui, comme en 1884 et 1889, ce ne sont pas des habitants de l'Époids qui réclament leur annexion à la commune de Beauvoir, mais quelques meneurs ambitieux qui, dans ces derniers temps encore parcouraient le village et s’efforçaient d’arracher des signatures que des personnes jalouses de l’union qui règnent dans la commune de Bouin, se sont avisées de provoquer, de la part de quelques personnes de l'Époids, une demande de séparation et qu’il y a lieu de rejeter, comme elles le méritent, les incitations de quelques habitants entraînés dans une manœuvre dont ils n’ont même pas compris toute la portée".

Considérant que ces meneurs ambitieux, ces personnes jalouses de l’union et de la concorde, ces véritables ennemis de la paix publique, dont parle Mr le Docteur Dodin (et tout le pays les connaît très bien) sont les seuls auteurs de ces manœuvres souterraines qui ont pour but de substituer l’action d’autorités occultes à la légitime influence d’autorités régulièrement constituées et assises sur les décisions du suffrage universel.

Le conseil, par tous ces motifs, est unanime pour repousser le projet qui lui est soumis, attendu qu’il ne peut en approuver ni le principe ni les conditions.

3° En ce qui concerne l’enquête et ses résultats

Considérant qu’au cours de l’enquête qui a été ouverte à la mairie de Beauvoir, aucun habitant n’a déposé en faveur de la pétition demandant le rattachement de l'Époids à la commune de Beauvoir, qu’au contraire, le Conseil Municipal, le Conseil d’arrondissement et le Maire, interprètes naturels et autorisés de la population de la ville et de la campagne, ont remis une délibération, une protestation et une note dans lesquelles les différents motifs de leur opposition se trouvent développés,

Considérant que le commissaire enquêteur, dans son rapport, daté du 1er août dernier, s’est fait le porte drapeau de l’agitation et du trouble à l'Époids, et a dépouillé ce caractère d’indépendance et d’impartialité que doit revêtir tout commissaire enquêteur.

Considérant que le dit rapport n’est qu’un tissu d’erreurs manifestes et de contradictions flagrantes ; qu’aux aspirations d’un sectaire, il faut attribuer cette idée saugrenue de faire entrevoir, dans le passé, l’idée d’une insurrection chouane, et dans un avenir éloigné, une modification dans les esprits des habitants de Beauvoir, par suite de l’annexion de l'Époids.

Considérant qu’à lui seul, il faut imputer cette politique haineuse et jalouse, qui se moque du bien être des populations et insulte au caractère de désintéressement, de loyauté, de sagesse et d’ordre de ceux qui les administrent et les représentent ; qu’à un commissaire enquêteur n’appartient pas la mission de délivrer des brevets de civisme ; qu’il est mal venu de reprocher un manque de patriotisme à des élus du suffrage universel qui peuvent lui souhaiter un amour de la patrie et du bien public semblable au leur ;

Considérant que l’assemblée communale de Beauvoir a toujours aspiré à la liberté, pratique la tolérance sans avoir besoin des habitants de l’Époids pour connaître le véritable patriotisme, qu’elle ne saurait suivre Mr le Docteur Dodin sur le terrain politique où il s’est placé, attendu que ce terrain lui est interdit par les lois du pays, et qu’elle a pour unique mission de s’occuper des intérêts de la commune,

Par tous ces motifs, le conseil déclare qu’il est unanime pour s’associer aux protestations et notes déposées à l’enquête par Mr Dupleix, conseiller d’arrondissement et Mr Gallet, Maire et pour rejeter en entier, comme contraire à la vérité et aux intérêts des deux communes de Bouin et de Beauvoir le rapport de Mr le Docteur Dodin, commissaire enquêteur.

Fait et clos le présent procès-verbal, les jour mois et an susdits, et ont signé les membres présents après lecture, à l’exception de Mr Burgaud qui a déclaré ne le savoir faire.

Le registre est signé : (…)

Pour extrait conformer En mairie à Beauvoir-sur-mer le 21 août 1890

lettre du 20 août 1890

Bouin, le 20 août 1890

Mon cher confrère,

Je n'assisterai pas à votre réunion du 29 août, car je suis toujours sous la pénible impression que m'a causé votre rapport au sujet de l'enquête du village de l'Époids.

J'étais loin, je vous l'avoue, après l'accueil si courtois que nous vous avions fait, de vous voir en nous quittant, aller à Beauvoir faire confectionner un pareil factum, tout rempli d'insinuations personnelles et malveillantes contre la municipalité de Bouin dont je fais partie depuis bientôt trente ans.

J'avais une toute autre idée de votre caractère et de vôtre indépendance enfin je ne me figurais pas que vous auriez pu avoir le courage de mettre votre nom au bas d'une pareille pièce.

Mon étonnement a été encore plus grand quand on a mis sous mes yeux celui de Beauvoir.

Recevez, mon cher confrère

mes salutations confraternelles

Dr P. Pelletier

Lettre du 28 août 1890

(brouillon)

Mon cher confrère

Je suis un peu gêné par une fonction de secrétaire du syndicat pour répondre comme il conviendrait à votre lettre. Je vous ai convoqué à notre réunion, non parce que vous faites partie depuis trente ans de la municipalité de Bouin, mais parce que j'ai rencontré votre nom sur la liste des membres de notre société médicale.

La partie du rapport (au sujet de l'enquête dont vous parlez) qui m'est personnelle ne contient contre vous ou nos amis aucune "insinuation personnelle malveillante". Dans les objections formulées par la municipalité de Bouin, je n'ai trouvé aucune raison valable pour s'opposer aux désirs des habitants de l'Époids, et je l'ai dit. Je ne me suis pas, il est vrai, préoccupé de savoir si mes conclusions vous seraient agréables, ni si votre accueil avait été courtois. Je me suis borné de faire ce que je croyais mon devoir et pour cela je n'avais besoin de demander assistance à personne.

Certainement, monsieur, si j'étais allé prendre des leçons de style chez vous ou auprès de deux de vos amis, qui nous abreuvent d'injures dans les feuilles publiques ou ailleurs, vous auriez quelque raison de protester contre mon enquête, mais il n'en est rien; les conclusions motivées vous déplaisent, or elles ne pouvaient être autres.

Quand à vos allusions un peu niaises au sujet de mon caractère et mon indépendance (???), vous ignorez absolument, je le sais, la valeur de ces termes, et je ne serais pas le premier à le constater.

Recevez, mon cher confrère

mes salutations confraternelles

LD

Pétition samedi 18 octobre 1890

P. CHAPPELLIER

UNE PETITION

Sur le même sujet on nous prie d'insérer la pétition suivante qui vient d'être adressée à M. le Préfet de notre département par les propriétaires de vignobles des cantons de Challans, de St Jean-de-Monts et de St-Gilles.

A Monsieur le Préfet de la Vendée,

Monsieur le Préfet, Les soussignés propriétaires de vignobles dans les cantons de Challans, de St-Jean-de-Monts et de St Gilles, protestent, au nom de leurs intérêts, contre la libre introduction des cépages provenant de communes phylloxérées.

Aucune trace permettant de croire à l'existence du phylloxéra dans notre région n'a été, en effet, signalée jusqu'à ce jour.

Accorder à l'arrondissement des Sables-d'Olonne tout entier la faveur réclamée par quelques communes du Sud de l'arrondissement, serait compromettre, aujourd'hui, des récoltes qui paraissent pour longtemps assurées.

Les soussignés, Monsieur le Préfet, osent espérer que vous voudrez bien réserver bon accueil à leur protestation et vous prient d'agréer l'assurance de leur dévouement.

(Palluau 48) Suivent les signatures au nombre de cinquante quatre pour le canton de Challans, de trente pour le canton de St-Jean-de-Monts et de deux cent seize pour le canton de St-Gilles.

Beauvoir 24 + 25 hectares

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