Cahier de Lucien Dodin père, page 28
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majorité des suffrages - jeune lutteur - hommes indépendants - construction d'une école - subvention à la fabrique
Tract du 10 février 1889
A MESSIEURS LES ÉLECTEURS
DE LA
COMMUNE DE CHALLANS
MESSIEURS ET CHERS CONCITOYENS,
L'élection de M. Massonneau proclamé élu par le bureau, au dernier scrutin, a été annulée par le Conseil de Préfecture de la Vendée : ce candidat n'avait pas réuni la majorité des suffrages.
Et vous êtes appelés, dimanche prochain, à procéder à une nouvelle élection.
M. Cantin, son concurrent, ne voulant pas, par suite des injures qui lui ont été adressées par nos adversaires, se représenter, le parti libéral, devant le résultat des deux dernières élections, ne pouvait se désister, et m'a offert la candidature : je l'ai acceptée.
Je ne suis plus un jeune lutteur, pendant longtemps vous m'avez donné vos suffrages, et mes efforts ont toujours été employés à les mériter.
En réclamant l'honneur de vous représenter au Conseil municipal, je me propose, par ma candidature, de vous fournir l'occasion d'exprimer librement et sans contrainte votre volonté, quand d'autres essaient de vous l'enlever par la crainte.
Cette liberté, vous la possédez, et vous en userez, sans redouter les menaces qui vous sont faites : en retardant la 1^re^ communion de vos enfants ou en vous privant, journaliers ou ouvriers, de vos travaux, ou en vous menaçant, fermiers, de la perte de vos fermes.
L'emploi de pareils moyens est inique, il répugne, et on conçoit que vous en redoutiez les conséquences ; cette mesure seule devrait vous engager à secouer pareil joug. Prouvez par vos votes que vous vous mettez au-dessus de ces menaces.
Nos adversaires contestent l'exactitude de ces faits, mais combien de vous peuvent affirmer la sincérité de ma déclaration. Des preuves ont été demandées par leurs journaux, elles sont faciles : quelques fermiers ou anciens fermiers des abords de la route de Challans au Périer, fixeront les plus incrédules sur ces méfaits.
Ces mêmes adversaires feraient rire, si leurs agissements n'étaient aussi tristes et aussi préjudiciables.
Messieurs et chers concitoyens, si vous désirez des hommes indépendants pour vous représenter, n'ayant point à complaire aux exigences des uns et des autres, et possédant leur entière liberté pour approuver ou contester les budgets de la commune sans redouter nos adversaires, comptez sur mon concours.
Un point important à vous signaler est l'attitude hostile que les élus municipaux de nos adversaires prennent avec l'autorité supérieure, ils lui font une opposition systématique rejaillissant forcément contre vos intérêts; dans cette situation, vous le concevez, quels services peuvent-ils rendre ?
Cette hostilité exercée, non seulement contre l'autorité, mais encore contre l'exécution des lois, ne peut que vous être préjudiciable, et surtout préjudiciable à vos finances.
Aussi ne soyez point étonnés des lourds impôts qui en seront la conséquence avec de pareils administrateurs : pouvez-vous compter sur le concours de l'Etat dans les constructions des écoles et de l'Eglise, et dans l'achat du château pour une cure, qu'on dit être dans leurs projets ?
Par leur impéritie et leur mauvaise administration, les conseillers municipaux ont grevé les ressources communales d'un chiffre énorme dont nous a entretenu monsieur le Docteur Dodin. Ils en auraient affranchi la commune, en grande partie, en acceptant, au début, les propositions de la Préfecture.
Ils essayent aujourd'hui de donner le change en voulant faire rejaillir sur moi et ma famille, la responsabilité de leurs fautes ;
Les miens ont signé, il est vrai, une promesse de vente d'un terrain pour la construction d'une école ; ils se sont engagés à vendre ce terrain un prix inférieur à celui des parcelles voisines.
Mais sachez le bien, la commune n'est point liée par cet engagement, la municipalité peut acheter, si elle le veut, autre part. Pourquoi donc crier ?
Quant à la méchanceté et à l'acrimonie avec lesquelles nos contradicteurs parlent de cette affaire pour atteindre ma famille et moi, nous les méprisons : elles émanent de gens appartenant à des familles dont l'honorabilité ne peut faire envie à personne !
Messieurs les Electeurs, je vous le répète, soyez indépendants dans vos votes, secouez le joug sous lequel on tente de vous ramener, et l'avenir vous appartient.
ALEXANDRE HERBERT,
Ancien Notaire.
Challans, 19 février 1889,
Messieurs les Electeurs,
Malgré les manœuvres, malgré les injures de toutes sortes, et bien que la municipalité eut oublié d'inscrire un grand nombre d'électeurs libéraux, le 21 octobre dernier, vous m'avez élu conseiller municipal par une majorité de 110 voix.
Le 18 novembre, appelés de nouveau aux urnes vous avez donné à M. Cl. Cantin 540 voix. Le ballottage a dû être proclamé.
Ces deux élections successives ont montré que vous étiez las de la façon dont on administrait vos deniers.
Trente mille francs ont été votés comme subvention à la fabrique pour la construction prochaine d'une église. Cette subvention doit-elle être maintenue ? La fabrique a des ressources considérables et des charges inférieures à celles de la commune. Le scrutin de dimanche nous dira si vous désirez des impositions nouvelles.
Vous choisirez entre deux candidats: M. HERBERT, dont la grande compétence en affaires vous est depuis longtemps connue, qui a des intérêts importants dans notre commune, et, un autre, dont le nom viendrait augmenter le nombre de cette majorité de conseillers dociles sous la férule ecclésiastique, toujours muets dans les questions d'affaires, mais aussi toujours prêts à obéir au doigt et à l'œil et à voter pour n'importe qui ou n'importe quoi.
Le jour où vous m'avez élu, vous m'avez fait un honneur dont je comprends le prix. Je mettrai toutes mes forces dans l'accomplissement des devoirs que ce mandat m'impose. Vous pouvez compter sur moi. Puis-je compter sur vous ?
COURAGE DONC ; PAS D'ABSTENTIONS !
Votez pour M. HERBERT.
Dr DODIN, Conseiller Municipal.
Lettre du Dr Dodin
MES CHERS CONCITOYENS,
Dans ma circulaire d’octobre dernier, je vous disais que vos Conseillers Municipaux réactionnaires avaient causé à la commune un préjudice de plus de 125,000 francs.
Le Comité qui fait de la musique sur le dos du pauvre Massonneau, m’accuse d'avoir « odieusement altéré la vérité. »
Je pourrais me dispenser de répondre aux insultes d'un Comité anonyme et de M. Massonneau acceptant d'être patronné par des gens qui ont sans doute de leur candidat une singulière opinion, puisqu'ils lui refusent leur signature.
Ces messieurs vous parlent de 50,000 francs d'impôts nouveaux. Mais, depuis dix ans, il ne s'est pas passé une année où nous ne vous ayons prévenus que cette dépense était obligatoire et serait imposée un jour à la Commune, votre Conseil Municipal refusant d'accepter les dons de l'Etat.
Donc 50,000 fr. pour l'Ecole; 30,000 fr. pour l'Eglise ; cela fait déjà 80,000 fr. Vous pouvez ajouter une somme importante pour le loyer d'une Ecole à la Flocellière (ce sera pour demain. Nous ferons plus tard le compte et vous verrez si je vous ai trompé.
On accuse M. Herbert d'avoir, comme Administrateur de l'Hôpital, fait distribuer de la soupe aux indigents. Pouvait-on trouver un meilleur emploi des ressources du Bureau de Bienfaisance, et les pauvres s'en plaignent-ils ? Les membres du Comité Conservateur ont dirigé longtemps cette importante Administration : ont-ils jamais eu semblable pensée ?
Vous ne voterez pas demain pour des gens qui ne trouvent pas un mot pour se justifier ; les injures ne sont pas des raisons.
Vous voterez en masse pour M. HERBERT.
Dr L. DODIN,
Conseiller Municipal
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