Cahier de Lucien Dodin père, page 13

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rien à payer pour les écoles? - modestie républicaine - expulser les religieux de leur propre maison - les séances du Conseil municipal seront publiques - deux lieues par jour -

Ensemble des fac-similé

Tract imprimé, 1er mai 1884

Challans, le 1er Mai 1884.

MESSIEURS ET CHERS CONCITOYENS,

Permettez-nous de vous adresser encore une fois la parole, pour vous mettre en garde contre les assertions inexactes et les insinuations malveillantes à l'aide desquelles on s'efforce d'égarer votre bonne foi.

Dans une lettre écrite récemment au Petit Littoral des Sables-d'Olonne, un de nos adversaires n'a pas craint d'affirmer que le Gouvernement a offert de construire à ses frais les écoles de La Flocellière et de La Bloire.

Cela est faux. La délibération du Conseil municipal du 29 janvier 1882 prouve que le Gouvernement a offert seulement le tiers de la dépense. Reste à savoir si la pénurie du Trésor public lui eut permis de tenir sa promesse. Dans tous les cas, on voit que la plus grande partie des frais fut restée à la charge de la Commune. Et le correspondant du Petit Littoral ose affirmer que celle-ci n'eût rien eu à payer pour les dites écoles ! Jugez par là, Messieurs et chers Concitoyens, de la confiance que méritent quelques-uns de nos adversaires.

On dit encore que nous voulons favoriser l'ignorance. C'est une calomnie. Autant que personne nous désirons voir l'instruction se répandre, et nous sommes tout disposés à bâtir des écoles à La Flocellière et à La Bloire, mais dans des conditions acceptables et pour la conscience des enfants et pour les finances de la Commune. Nous refusons et nous refuserons toujours d'imposer les contribuables à outrance et de favoriser l'enseignement sans Dieu, enseignement qui nous parait doublement funeste : funeste à l'esprit qu'il abaisse, en lui laissant ignorer ce qu'il lui importe le plus de connaître; funeste au cœur qu'il déprave, en débarrassant ses passions de tout frein. Cet enseignement-là, jamais nous ne contribuerons à le propager. Nous ne voulons pas que les enfants de la Commune puissent nous reprocher un jour d'être cause qu'on leur ait fait avaler du poison.

Nos adversaires, par l'organe du correspondant sus-nommé, essaient de tourner en ridicule les membres de la majorité du Conseil municipal, dont le plus grand nombre, à les en croire, sauraient à peine lire. D'abord, cela n'est pas vrai. Et puis, comme il leur sied bien de nous critiquer sur ce chapitre, au moment même où ils présentent des candidats ne sachant pas lire un mot! Probablement tout est permis à ces Messieurs, et rien aux autres. Quand on est républicain, on a tous les droits, à ce qu'il paraît, même celui de porter des Candidats malgré eux !

Le correspondant du Petit Littoral ne se contente pas d'affirmer des faits inexacts, il a recours à un autre procédé, qui mérite d'être flétri par toute conscience honnête.

Il ose écrire dans le journal précité, qu'il a reçu d'un royaliste (jugez quel royaliste!) "de longs détails sur la moralité des membres qui composent la liste cléricale et sur le passé de leur famille". (voir le texte de la lettre page 2)

Ceci n'est plus de la discussion, mais de la diffamation, et de la pire, celle qui n'a pas le courage de parler haut et clair, mais qui s'explique à demi mot et permet de soupçonner tout ce que l'on veut. A des procédés de ce genre or ne répond que par le mépris.

De quel droit, à propos de questions municipales, notre adversaire fait-il intervenir ce qu'il appelle "la moralité" des membres de notre liste et "le passé de leur famille" ? Ce que nous disons là n'a pour but que de faire ressortir l'inconvenance de sa façon d'agir; car, Dieu merci ! nous sommes au-dessus de pareilles attaques. Vous nous connaissez, Messieurs et Chers Concitoyens, et ce ne sont point les insinuations malveillantes qui sont capables de nous enlever votre estime.

Si le correspondant en question aime à dénigrer ses adversaires, par contre il ne se prive pas du plaisir de se vanter lui-même et d'exalter ses amis. C'est de la modestie républicaine. A l'entendre, eux et lui seraient chauds partisans de la liberté, de l'égalité, de la fraternité, cette noble devise du Gouvernement auquel nous sommes tous condamnés, suivant la naïve expression d'un orateur admiré par le correspondant du Petit Littoral.

Est-ce bien sûr ?

Nos adversaires, comme tous les républicains, ont applaudi à la loi sur l'enseignement obligatoire. Désormais les pères de famille, même les moins aisés, devront envoyer à l'école leurs enfants de 6 à 13 ans, sous peine d'amende et de prison. Est-ce de la liberté? Jusqu'ici les mots obligation et liberté s'excluaient l'un l'autre ; auraient-ils aujourd'hui le même sens ?

La laïcisation des écoles communales est encore une mesure chère aux républicains de toute nuance, et je n'ai pas entendu dire que nos adversaires aient protesté contre. Tant s'en faut qu'ils l'aient fait, puisqu'au contraire ils ont contribué à l'établir dans la commune par le moyen de leur école laïque de filles. Quand cette mesure aura été généralisée, les instituteurs et institutrices laïques recevront seuls un traitement de l'État; les congréganistes ne toucheront pas une obole du Trésor public. En sorte que ce Trésor, alimenté par l'argent de tous les contribuables, profitera seulement à quelques-uns. Est-ce de l'égalité cela ?

Enfin ces temps derniers, avec l'acquiescement de tous les républicains, sans excepter nos adversaires, dans tous les couvents d'hommes, on a crocheté les serrures, défoncé les portes et expulsé les religieux de leur propre maison. Est-ce de la fraternité cela ?

Vous le voyez, Messieurs et chers Concitoyens, si nos adversaires aiment beaucoup la liberté, l'égalité, la fraternité, c'est en paroles seulement et point du tout en fait. Or il faut juger les gens, non d'après leurs paroles, mais d'après leurs actes, L'arbre, comme dit l'Évangile, se reconnaît à ses fruits, et nous venons de montrer que les fruits de l'arbre républicain sont grandement amers.

En conséquence, Messieurs et chers Concitoyens, vous ne voterez point pour ceux qui s'abritent sous cet arbre-là, et vous apprendrez ainsi à nos républicains Challandais que les paroles ne servent de rien, quand les faits leur donnent un éclatant démenti.

Veuillez agréer, Messieurs et chers Concitoyens, l'expression de nos meilleurs et de nos plus dévoués sentiments.

Pour la Majorité du Conseil municipal :

L. THIBAULT.
A. LEVEILLÉ.

Nantes, Imp. Bourgeois, rue S-Clément, 57.

Appel au vote 26 Avril 1884

A MM. LES ÉLECTEURS
DE LA
COMMUNE DE CHALLANS

Challans, 26 Avril 1884.

MESSIEURS,

Vous êtes appelés à nommer Dimanche prochain, 4 Mai, le Conseil municipal de votre commune.

Ces élections se feront d'après les dispositions nouvelles, inscrites dans la loi municipale, promulguée le 7 avril 1884.

La nouvelle loi donne le droit à tout individu. résidant dans la commune depuis six mois, à concourir à l'élection prochaine.

Cette loi établit, en principe, que les séances du Conseil municipal seront publiques: vous pourrez donc vous de la manière dont vos mandataires rempliront leurs fonctions.

Vous avez bien voulu nous honorer de vos suffrages en 1881, nous venons vous les demander à nouveau, si vous croyez que nous en sommes toujours dignes, et en même temps vous engager à accepter la liste que nous vous présentons.

Nous vous avons fait connaître vos droits, voici quels seront nos devoirs, si nous obtenons la majorité des suffrages.

Application la plus étendue que possible de la loi sur l'instruction primaire au moyen de la reconstruction de l'École communale laïque de garçons de notre ville école reconnue comme insalubre et insuffisante, édification de deux écoles de hameau, l'une au village de la Bloire, l'autre au village de la Flocellière, ainsi que cela avait été décidé dans le premier projet général de Monsieur le Préfet et de Monsieur l'Inspecteur d'académie, au moment où le Gouvernement républicain mettait pour l'accomplissement de cette œuvre, cinq cent mille francs à la disposition de notre département, projet qui n'a pas reçu son exécution à cause du mauvais vouloir de la majorité du Conseil municipal actuel.

Ce qui a prive la commune de ces deux écoles de hameau, cependant bien nécessaire, et dont la construction à cette époque n'aurait rien coûté à la Commune.

Ces écoles se feront malgré tout. Avec votre concours, nous pouvons espérer d'obtenir aide du Gouvernement, qui a ouvert un crédit de 336,000 francs pour le département de la Vendée, mais en obligeant les communes à fournir leur contingent.

Si, au lieu de cela, la volonté bien établie du Conseil municipal existait encore, nous serons obligés de subir ce que la loi nous impose, sans pouvoir espérer aucun secours de l'État.

Il est étonnant que des pères de famille habitant les Chènes, la rive du Ligneron, d'une part, tout le quartier de Coudrie, et autres villages de cette partie de la commune ne comprennent pas le bénéfice qu'ils retireraient pour leurs enfants encore jeunes, de les envoyer à une école de hameau qui serait presque à leur porte, en diminuant ainsi d'au moins deux lieues par jour en moyenne la course si longue qu'ils sont obligés de faire aujourd'hui.

Ce sera là notre première préoccupation.

Nous sommes loin de vouloir négliger les intérêts et les besoins des habitants de la campagne au sujet de l'amélioration des chemins ruraux, nous ne voulons pas plus négliger les intérêts de la Ville; mais nous désirons que la plus scrupuleuse surveillance soit exercée sur les travaux à exécuter, aussi bien en ville que sur les chemins ruraux, en cela, par un homme compétent.

Si vous acceptez la liste que nous avons l'honneur de vous proposer, le Conseil municipal, ainsi composé, n'osera jamais se lancer dans l'inconnu, en exposer la Commune à des dépenses exagérées que rien ne justifie.

Électeurs, nous demandons justice pour tous, liberté de conscience et d'opinion, point d'exactions, nous le demandons pour nous, comme pour tous ceux qui nous sont adversaires.

La minorité républicaine du Conseil municipal : RIOU, HERBERT, SALMON, GABY, LAURENT.

MESSIEURS ET CHERS CONCITOYENS,

J'ai été maire de Challans pendant de longues années, je crois avoir rempli auprès de vous tous mes devoirs. Si vous voulez me continuer votre confiance, je tâcherai de la mériter en mettant à votre disposition tout ce qui me reste de force et d'intelligence. Suivez donc les conseils que je vous donne, soutenez-moi, Votez d'ensemble pour la liste que je vous présente et si le succès couronne mon espoir, je serai heureux de me retrouver encore une fois à votre tête.

RIOU.

MM.
1. RIOU, ÉDOUARD, docteur-médecin.
2. HERBERT, ALEXANDRE, propriétaire.
3. SALMON, MÉDÉRIC, négociant.
4. GABY, ELIE, propriétaire.
5. LAURENT, ALEXIS, notaire.
6. AUGIS, Louis, menuisier.
7. BOISIEAU, JEAN, cultivateur, à la Gérie.
8. CANTIN, CLÉMENT, négociant.
9. DODIN, LUCIEN, docteur-médecin.
10. GAUTIER, ANDRÉ, minotier.
11. GERVAIS, JACQUES, père, à la Gobtiére.

12. GRONDIN, HENRI, négociant.
13. GUILLOT, HENRI, menuisier.
14. GUYARD, PIERRE, fermier, à la Tercerie.
15. GAUTIER, JEAN, fermier, à la Gliminière.
16. LORY, FRANÇOIS, propriétaire.
17. MENUET, Louis, fermier, à la Terrière.
18. NAULLEAU, PIERRE, fermier, aux Couts.
19. PALVADEAU, LÉOPOLD, docteur-médecin
20. RICOLLEAU, LÉON, négociant.
21. ROCHER, PIERRE, fermier, à la Gérie.
22. THIBAUDEAU, DÉSIRÉ, propriétaire.
23. VINATIÈRE, ARISTIDE, négociant.

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