Cahier de Lucien Dodin père, page 42

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Notre foire de mardi dernier - nos pâturages - souscriptions - vingt-deux voix contre une - réclame électorale

Ensemble des fac-similé

(cette page est la dernière utilisée dans le cahier. Les derniers moments de la campagne ont probablement été occupés, et après son élection comme maire de Challans Lucien Dodin n'a plus eu le temps de faire des collages... restent des lettres et articles regroupés par moi dans des annexes)

Vendée républicaine samedi 14 février 1891

Les nouvelles Foires

On nous écrit de Challans :

Monsieur le Rédacteur, Notre foire de mardi dernier a obtenu un succès supérieur s'il est possible à celle du mois précédent. S'il y avait un peu moins d'animaux, les achats ont été plus importants et le train spécial partait à 3 heures 30, emportant vers Paris, 17 wagons chargés de bœufs.

Les bœufs danions sont venus en petite quantité, mais les fermiers de notre marais ont réuni sur notre champ de foire plus de 100 paires de ces Léviathans dont se repaissent les estomacs parisiens.

Ajoutons que les marchands ont fait une rafle complète et que plus des 3/4 des bestiaux présentés au marché ont été vendus.

Quelques habitants des communes voisines de la nôtre craignent de voir le développement de nos marchés nuire aux affaires qui ont coutume d'être traitées dans leurs communes. Il y a dans notre région si riche en élevage, place chaque mois pour plusieurs excellentes foires. Celles-ci, loin de se nuire les unes aux autres, se donneront un appui mutuel ; en donnant plus de facilités aux transactions elles permettront d'augmenter en bétail la population de nos pâturages.

Nous pouvons répéter ce que nous disions précédemment: ces foires mensuelles sont définitives, elles sont prises, n'en déplaise à la coterie qui les combat avec un acharnement dont nous avons eu quelque peine à comprendre le mobile.

Le 10 MARS prochain aura lieu la dernière distribution de nos primes.

Veuillez agréer, etc.

Lettre de la mairie

Nous n'avons pas l'intention d'engager de polémiques au sujet des foires dont il est parlé plus haut; cependant nous ne pouvons laisser sans réponse certaines affirmations contenues dans un journal, organe officiel de M. le maire de Challans. Nous citons :

« ... Ces braves gens (les organisateurs) n'ont rien inventé, je dois le dire, dût leur petite vanité en souffrir un peu.

La municipalité — cette municipalité à laquelle le Libéral décerne si gentiment un brevet d'incapacité - la municipalité a essayé, il y a déjà quelque temps de faire prendre les foires à bœufs, en instituant des primes, mais les foires ont cessé avec les primes. Les républicains, uniquement par réclame électorale ont repris le projet abandonné et ont recueilli des souscriptions.....

Les républicains en seront quittes pour leurs frais : il est vrai que cette petite comédie leur a permis de mettre en étalage leurs vertus civiques et particulièrement leur zèle pour l'agriculture»

Nous répondrons à ce grand homme doué de plus d'aplomb que de vérité et qui n'a sans doute pas de petites vanités, que :

1° Nous n'avons pas eu la prétention de découvrir une idée neuve, mais de mettre en pratique des idées justes.

Jamais la municipalité présidée par M. Boux-de-Casson n'a essayé de faire prendre les foires en distribuant des primes.

3° La proposition suivante a été le 13 juin 1889, avant la mise en adjudication des marchés présentée par écrit au conseil municipal :

«... de mettre à la disposition d'une commission prise dans le sein du conseil municipal une somme égale à la subvention allouée chaque année à la société des courses.

Cette somme devra être intégrale1 ment dépensée pour l'amélioration des foires et des marchés sous la forme de primes, ou sous toute autre qui aura été préférée».

Cette proposition fut alors rejetée par vingt-deux voix contre une.

4° Aux foires dernières, malgré les achats considérables de bestiaux, une grande partie des primes n'a pas été réclamée. Les agriculteurs étant assurés de rencontrer des acheteurs, amènent leurs animaux, sans se préoccuper de savoir s'il y a ou non des primes : il n'y a donc aucune crainte de voir cesser les foires avec celle-ci.

5° Si, en 1846, les souscripteurs n'ont pu réussir, c'est parce que, en dehors des chemins de fer qui nous ont ouvert le marché de Paris, le jour (veille des foires importantes de Soullans) avait été imprudemment fixé. Aussi dés l’année 1847, les primes ne purent elles être distribuées, aucun animal n'ayant paru en foire.

6° Si comme l'on nous en accuse, nous avions recherché la réclame électorale, nous eussions attendu l'année prochaine, imitant en cela notre municipalité qui malgré l'hiver terrible que nous venons de traverser, n'a pas donné (même pour balayer la neige) un sou de travail aux pauvres gens de notre commune, réservant la plus grande partie de nos ressources pour être employées l'année prochaine au printemps en travaux électoraux d'une utilité souvent contestable.

7° Nous ne connaissons qu'une politique municipale, elle consiste uniquement à défendre les intérêts de nos concitoyens. Les questions de politique transcendantale qui hantent les cerveaux de nos adversaires sont pour nous des questions contingentes.

Nous reproduisons plus loin les arrêtés pris en 1846, autorisant une commission choisie parmi les souscripteurs à distribuer des primes aux foires de Challans.

Nos lecteurs challandais auront ainsi sous les yeux le dossier complet d'une affaire municipale du plus haut intérêt pour eux, puisqu'elle se résume en définitive en un accroissement de transactions annuelles de plus de deux millions de francs.

Arrêté du 14 mai 1846...

Nous, maire de Challans,

Vu la proposition faite par plusieurs propriétaires de cette commune et des environs qui ont souscrit pour la création de primes destinées à favoriser la vente des chevaux et autres bestiaux aux marchés de Challans, d'affecter à cet objet la somme de 900 francs montant de leur souscription :

Vu le programme de distribution de ces primes rédigé sous notre présidence le 12 de ce mois par ces mêmes propriétaires et que nous avons revêtu de notre approbation :

Vu la lettre de M. le Préfet en date du 9 du même mois, qui nous prescrit de prendre à cet égard un arrêté pour régler le mode et les conditions de la distribution;

Considérant, comme il a été dit au programme sus-relaté, qu'il importe surtout d'encourager la vente des chevaux, ainsi que celle des bœufs destinés à la consommation et de choisir de préférence, pour la distribution des primes, les époques où le commerce est le plus animé;

Arrêtons :

Art. 1er. – Ne pourront être primés, provisoirement aux marchés de Challans, que des animaux des espèces chevaline et bovine; les premiers devront être âgés de 3 ans et au-dessus, et les seconds propres à la consommation ;

Art. 2. — Il ne pourra être primé que des animaux dont la vente aux marchés de Challans aura été constatée;

Art. 3. — Le dernier mardi de mai 1846, seront distribuées pour l'espèce chevaline, quatre primes:

La première de.. 40 fr.
- 2e - 25
- 3e - 20
- 4e - 15

Pour l'espèce bovine trois primes :

La 1re pour une paire de boeufs, de 50 fr.
- 2e - 30
- 3e - 20

Art 4. - Les derniers mardis de juin et de juillet 1846, les mêmes primes qu'à l'article 3, s'élevant ensemble à 400 fr.

Art. 5. - Le dernier mardi de février 1847, pour l'espèce bovine seulement, trois primes :

La 1re pour une paire de boeufs, de 50 fr.
- 2e - 30
- 3e - 20

Art. 6. — Les derniers mardis de mars et d'avril 1847, seulement encore pour l'espèce bovine, les mêmes primes qu'à l'article 5, s'élevant ensemble à 200 fr.

Art. 7.- Un jury composé de 5 membres sera chargé d'adjuder les primes;

Art. 8. - Les membres de ce jury peuvent s'adjoindre quatre marchands, deux pour l'espèce chevaline et deux pour l'espèce bovine;

Art 9. - Le procès-verbal des opérations du jury indiquera le nom des vendeurs qui auront obtenu des primes, et la quotité de chaque prime:

Art. 10. —- Le présent arrêté sera publié et affiché, après avoir reçu l'approbation de M. le Préfet.

Fait à l'Hôtel de la Mairie de Challans,
le 14 mai 1846.

LETENNEUR,
maire.

Nominations au comité (1846)

Nous, maire de Challans,

Vu notre arrêté du 14 de ce mois, relatif au mode et aux conditions de la distribution des primes à décerner pour les plus beaux cheveaux et autres bestiaux vendus sur le marche de la ville de Challans, pendant le mois de mai, juin et juillet 1846, février, mars et avril 1847,

Vu le programme rédigé pour le même objet, le 12 du présent mois, par les propriétaires qui ont souscrit en faveur de l'établissement de ces primes.

Arrêtons :

Sur la proposition des dits souscripteurs, sont nommés membres du jury chargé d'adjuger les primes, conformément au programme et à l'arrêté sus-daté;

MM. Boucher Joseph, Batuaud Théophile, Chartier M.-Antoine, Nepvou Pierre, tous demeurant à Challana, Guinebaud de la Grostière, demeurant à Saint-Cristophe.

Fait à l'Hôtel de la Mairie de Challans,
le 23 mai 1846.

LETENNEUR.

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