Cahier de Lucien Dodin père, page 17

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boniment électoral - en caisse plus de trente mille francs - chef-d'œuvre mal entrepris - construire une église

Ensemble des fac-similé

Lettre non datée

À la page 17 du cahier étaient insérés deux documents, un télégramme ci-dessous et une lettre manuscrite non datée et difficile à déchiffrer, se reporter aux fac-similés:

Télégramme du 16 avril 1892

Reçu réponse SousPréfet se retranche derrière Préfet

Faucheron

Tract électoral 3 mai 1888

ART. 54. - Les séances du Conseil municipal sont publiques.
ART. 56. -- Le compte-rendu de la séance est, dans la huitaine, affiche par extrait, à la porte de la Mairie.
ART. 48.- Toute convocation du Conseil municipal est affichée à la porte de la Mairie, trois jours au moins avant celui de la réunion.
Le Conseil ne peut s'occuper que des objets pour lesquels il a été convoqué.
(Loi du 5 avril 1884).


Réponse

A MM. les Membres du Conseil municipal

de Challans

Messieurs, Nous venons de lire votre boniment électoral du 27 Avril; permettez-nous d'y répondre brièvement.

Avouez que si vous avez voulu défendre les intérêts de vos électeurs, vous avez bien mal réussi. Ceux-ci vont se trouver, grâce à vous, dans l'obligation de payer sous forme d'impositions nouvelles un chiffre considérable.

Discutons votre expose :

1° La confiance (bien placée vraiment) des électeurs vous a permis d'administrer une Commune commerçante et riche : Pourquoi inscrivez-vous pour l'amélioration des chemins ruraux seulement une somme de mille francs ; nous vous connaissons en caisse plus de trente mille francs dont vous ne trouvez pas l'emploi. Aussi point de surprise ; les chemins n'étaient pas plus mal entretenus il y a 50 ans

2° Vous avez ouvert sur une étendue de 2 kilomètres, le chemin des Rallières à la Croix-Charles.

Nous aurions beaucoup à dire à ce sujet, nous préférons vous remercier d'avoir songé à ce chemin dont l'utilité était incontestable.

3° Vous avez fait réparer les Halles par un ouvrier de la Roche-sur-Yon. Eussiez-vous préféré les voir tomber en ruines?

Quant à l'assainissement des rues (et l'éclairage du Marché), il n'existe pas en France de ville où le service de la voirie soit aussi mal fait.

Ne parlons pas du Lavoir, de construction trop mesquine, chef-d'œuvre mal entrepris, bien que longuement élaboré, pour vous occasion de nombreux déboires, de longue patience pour les fournisseurs.

4° Vous avez appuyé les demandes de soutien de famille ; pouviez-vous faire autrement?

Quant aux congés accordés aux militaires, un Conseil municipal ami du gouvernement en obtiendra assurément un beaucoup plus grand nombre.

5° Dans quelques jours, le conseil de fabrique recevra l'autorisation de construire une église : coût de 500 à 600.000 francs. (Vous l'ignorez, nous avons l'honneur de vous l'apprendre). La Commune contribuera la première année à la dépense pour une somme de 30.000 francs; pendant les années suivantes pour un chiffre... indéterminé.

Malgré tous ces sacrifices, vous n'avez pas songé à réserver aux ouvriers de Challans la majeure partie des travaux.

6° La Commission scolaire n'ayant jamais été réunie, vous n'avez pas eu à vous inquiéter des pénalités, insignifiantes d'ailleurs, inscrites dans la loi.

Vous parlez à des hommes, il est inutile de jouer auprès d'eux le rôle de Croquemitaine.

7° Vous discutez les lois, libre à vous, mais vous êtes comme nous tenus de leur obéir. Lisez-les :

Loi du 30 octobre 1886.- ART. 11.- Toute commune doit être pourvue au moins d'une Ecole primaire publique. Lorsque la commune compte 500 habitants et au-dessus, elle doit avoir au moins une école de filles.

ART. 14. - L'établissement des Ecoles primaires élémentaires publiques, est une dépense obligatoire pour la Commune.

La loi du 20 mars 1883 vous oblige en outre à construire une Ecole de hameau, si à une distance de 3 kilomètres de l'Ecole la plus voisine, se trouvent 25 enfants âgés de plus de 5 années. C'est le cas de la Flocellière.

En 1884, vous avez refusé une somme de plus de cent mille francs offerte par le Gouvernement, pour la construction de ce que vos journaux et vous-mêmes appelez des palais scolaires. Vous n'ignoriez point alors qu'un jour viendrait où il les faudrait bâtir aux frais de la commune. Les avertissements n'ont pas manqué aux électeurs à cette époque. Eh bien ! le moment est venu, et par votre gestion néfaste, les contribuables seront contraints de payer l'honneur de posséder d'aussi chers administrateurs.

Il y a quelques mois, vous votiez dix mille huit cents francs pour réparations à l'Ecole de garçons et à la Justice de paix. Vous n'avez pas même demandé un secours à l'Etat ; secours que vous n'auriez sans doute pas obtenu, vous qui engagez à tout propos contre le Gouvernement une lutte d'autant plus ridicule que les contribuables de Challans en font tous les frais. Vous voulez pouvoir leur dire que le Gouvernement (il ne nous appartient pas de le défendre) les ruine, vieille guitare, dont vous devriez être fatigués de jouer. Beaucoup de personnes de la campagne ignorent que le percepteur, fonctionnaire de l'Etat, est aussi agent communal, et que si chez lui on paye les impôts dus à l'Etat, on règle aussi les..... erreurs de ses adjoints.

Vous êtes mal venus à discuter les plans et devis d'une Ecole imposée d'office, quand durant quatre années vous l'auriez pu édifier à votre guise, et AUX FRAIS DE L'ETAT.

L'Ecole de la Bloire n'a pas coûté un sou à la Commune malgré vos affirmations de 1884.

"Autant que personne, disiez-vous alors, nous désirons voir l'instruction se répandre, et nous sommes tout disposés à bâtir des Ecoles à la Flocellière et à la Bloire..... "

De vos promesses, les habitants de la Flocellière savent ce qu'en vaut l'aune!

Nous vous remercions de nous avoir fait grâce, dans la longue et navrante énumération de vos travaux, de la question de l'éclairage électrique de la ville et de l'installation des pompiers.

Nous conclurons comme vous, Messieurs et chers Conseillers, et nous dirons aux Electeurs, tout en regrettant de ne pas voir ces idées exprimées en meilleurs termes :

"Quand on est comme vous, profondément imbu des principes de la religion et de l'équité, et justement soucieux de ses propres intérêts, on ne vote pas pour les partisans d'un état de choses qui, au lieu de la liberté et de la prospérité promises, ne vous apportent que l'oppression et la ruine."

Nous ne savons le sort que vos suffrages nous réservent Dimanche, mais que la conduite de Messieurs les Conseillers actuels vous serve de leçon !

Challans, le 3 Mai 1888.

Élections Municipales du 6 Mai 1888 1 COMMUNE DE CHALLANS

MM.
RIOU EDOUARD, Docteur en Médecine.
LAURENT ALEXIS, Notaire.
CANTIN CLÉMENT, Propriétaire.
SALMON MÉDÉRIC, Négociant.
AUGIS LOUIS Père, Menuisier.
DODIN LUCIEN, Docteur en Médecine.
FROUMENTY JEAN, Propriétaire.
GUYARD PIERRE, Fermier, à la Tercerie.
MENUET Louis, Fermier, à la Terrière.
GRONDIN HENRI, Négociant.
MECHIN FLORENT, Menuisier.
VINATIERE ARISTIDE, Négociant.

MM.
CHARRIER PIERRE, Propr., à la Ville-aux-Rosos.
NORMAND JOSEPH, Négociant.
GUILBAUD Louis, Fermier, à la Gliminière.
RICOLLEAU LÉON, Négociant.
THIBAUDEAU DÉSIRÉ, Propriétaire.
GERVAIS JACQUES Père, Propr., a la Gobtière.
BARRETEAU GASPARD Père, Forgeron,
FONTENEAU CHARLES, Commissionnaire.
GIRAUDET JEAN, Fermier, aux Bretellières.
BATUAUD CHARLES, Propr., à la Coursaudière.
ROCHER PIERRE, Fermier, à la Gérie.

Imprimerie BRIAS, aux Sables.

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