Cahier de Lucien Dodin père, page 12

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les voix de tout un peuple - dénonciation calomnieuse - excellent Évêque - une dispute - suivre son cours - auquel on a jamais demandé en vain un service

Ensemble des fac-similé

Document inédit (manuscrit non publié)

Challans - Le correspondant spirituel d'une feuille réactionnaire de notre département de Tombouctou accuse deux de nos amis d'intercepter, de connivence avec le Receveur des Postes "toutes les dépêches privées" ou "de prendre connaissance de lettres adressées à des particuliers en les ouvrant au moyen de la vapeur (sic)". Si cela est vrai, il faut les guillotiner . Mais il n'affirme rien, le doux jésuite, et pour cause, "il a entendu les voix de tout un peuple (souvenir biblique), il ne fait que constater la rumeur publique (quelle langue!)"

En poursuivant le cours de son sermon, il parle d'un sieur Lambert "entendu en particulier", de l'espoir de ses paroissiens, d'une dénommée Marianne qui ne serait pas de ses amies, du docteur X... qui se moque de lui et de quelques petits moyens délicats qu'il compte employer pour se défaire des fonctionnaires républicains.

Il regrette que nos amis ne soient pas membres du nouveau ministère, constatant qu'ils y feraient bonne figure! Flatterie, va!

Nous n'adresseront pas semblable compliment à cet oint du Seigneur, au ministre... à la longue oreille, auteur de cette dénonciation calomnieuse, mais nous serons plus affirmatifs que lui sur un point. Nous assurerons à ce Rodin ignominieux et masqué qu'il est un vulgaire polisson.

Libéral mercredi 29 septembre 1886

CHRONIQUE LOCALE

Fragment de lettre édifiant...

Nous avons sous les yeux une lettre qui révèle, dès les premiers mots, le caractère de son auteur et dont nous détachons ce curieux fragment :

"Nul mieux que moi ne se rend compte du zèle déployé en toutes circonstances par notre excellent Évêque. Cependant, nous regrettons qu'il ait donné à la partie politique de son programme un développement aussi considérable et poursuivi avec une âpreté aussi violente la lutte contre l'irréligion. Nos Évêques anciens procédaient avec une lenteur plus sage. Nous lui reprocherons toujours d'avoir créé en Vendée un parti inconnu avant lui, un parti antireligieux.

"Une partie de la population vendéenne, prise parmi la plus intelligente et la plus instruite, hier encore si attachée à la foi catholique a été chassée violemment des Sacrements auxquels des habitudes anciennes la ramenaient périodiquement. Il a suffi, et là nous l'espérons, les ordres ont été dépassés par quelques hommes fougueux; il a suffi, dis-je, que de bons patriotes, et j'ose le croire, de bons chrétiens aient persisté à se dire libéraux pour qu'on les ait mis hors de l'Église, comme s'il appartenait à un homme de chasser un autre homme de la communion des fidèles. Et, j'aborde un sujet délicat, incedo per ignes : on voit même encore repoussés de la confession de jeunes enfants, sous le vain prétexte qu'ils fréquentent les écoles laïques; nous les avons vus, le jour de leur première communion, parqués dans un coin des églises, comme si, quand le prêtre a communié, il pouvait y avoir en son cour place pour autre chose que pour l'amour du prochain.

"Malheur au prêtre qui habitue l'enfant à médire de Dieu, et diminue dans son esprit le respect dû aux choses sacrées !"

"Nous avertissons charitablement notre évêque; il n'est pas obéi sans protestation par beaucoup de membres de son clergé. Nous n'admettrons jamais, nous, pauvres desservants, que l'état de guerre soit l'existence ordinaire de l'Église."

"Nous serions brisé sans pitié si l'on reconnaissait notre voix ; mais nous pensons qu'un avis donné par vous, monsieur, dont nous connaissons les hautes vertus et les sentiments si profondément. religieux, pourrait avoir quelque influence sur son esprit."

"Veuillez agréer, cher monsieur, l'assurance de l'affection profonde de votre serviteur en Dieu"

Sarcel

Vendéen vendredi 11 février 1887

Ou nous écrit de Sallertaine, le 6 février 1887:

Monsieur le Rédacteur, On dit bien souvent que, sous le gouvernement de Marianne, les honnêtes gens sont à la merci des républicoquins... Voici un nouveau fait qui démontre péremptoirement la véracité de cette affirmation:

Tous les Maraîchins de la région savent que dans la nuit du 30 au 31 janvier dernier, une dispute eut lieu dans une maison du territoire de Sallertaine, entre un habitant de cette commune et un gars de Challans... Quelle fut la cause de la dispute ? Nous l'ignorons; toujours est-il que le Challandais cru pouvoir se servir d'arguments frappants et donna à son adversaire plusieurs coups de couteau, dont un plus terrible qui faillit couper la gorge du malheureux... Sans la prompte intervention des personnes présentes, l'incident dégénérait en véritable assassinat. Le blessé fut soustrait à la foreur du mauvais garnement qui s'acharna alors sur le chapeau de sa victime... La gendarmerie fut prévenue le lendemain : MM. les gendarmes, occupés, dit-on, par les opérations du tirage au sort, ne crurent pas devoir se rendre immédiatement sur le lieu du crime. Le médecin demandé fut plus zélé... Mais que se passa-t-il pendant sa visite ? Nous ne pouvons l'affirmer absolument, faute de preuves suffisantes. Mais les mauvaises langues racontent que le susdit médecin, un pur de la république challandaise, compte au nombre de ses amis (pourrait-il en @ire autrement?) l'auteur même du mauvais coup de la nuit précédente... El nous serions bien content de savoir s'il est vrai:

1° Que, sur les instances du médecin, le blessé a consenti à recevoir 40 fr. avec promesse de ne pas poursuivre son assassin; - 2° que ce dernier a été envoyé, par le même médecin, pour empêcher le garde champêtre de donner suite à son procès-verbal; - 3° que le susdit docteur est allé lui-même dire aux gendarmes de Challans que ce n'était pas la peine de faire une enquête et que l'affaire était arrangée...

Si les choses sont exactes, comme on nous l'assure, nous nous demandons de quel droit le susdit monsieur se permet de remplir les fonctions de juge de paix, de juge d'instruction, de procureur de la République et d'empêcher ainsi la justice de suivre son cours ! Ah! si l'assassin et son ami le docteur étaient cléricaux, les feuilles rouges du département auraient déjà crié au scandale... Mais parce qu'il s'agit de deux serviteurs de Marianne qui se sont compromis, on garde le plus profond silence... Nous voulons, du moins, Monsieur le Rédacteur, livrer au mépris public ces faits incroyables, en appelant sur le gouvernement qui les tolère, toute les malédictions des honnêtes gens.

UN AMI DE LA JUSTICE
(Fradin)

E. Leroux Saumur 26 juillet 1880

Maître Trichet

Les examens de mon fils m'empêchent de prendre part aux élections. Connaissant leur importance, ainsi que l'habileté de nos adversaires à se présenter sous un jour trompeur je veux vous avertir de la gravité de ce que vous allez faire.

Les conseillers que vous allez nommer seront appelés à nommer les Sénateurs. Le gouvernement actuel, ou pour mieux dire Mr Gambetta désire changer ou supprimer le Sénat, qui défends seul toutes les libertés qui nous restent.

Mr Gambetta fait nommer les ministres, fait rentrer les assassins et les incendiaires de la commune, déclare la guerre à la religion, fait établir les traités qui ouvrent la France aux blés et aux bestiaux étrangers, fait ordonner l'instruction primaire obligatoire, laïque et gratuite. Le sénat seul a tenté de s'opposer à ces mesures, et en ce moment même il est appelé à discuter ces traités de commerce qui seront la ruine de l'agriculture. Il a essayé inutilement d'empêcher le retour des communards, et il défend encore la liberté des pères de famille et l'indépendance des juges.

Le gouvernement et Mr Gambetta s'occupent fort peu du bien être des campagnes ou dégrève les vins et les sucres sauf à trouver ailleurs de nouveaux impôts, mais on ne songe point à dégrever l'agriculture et au contraire on sera obligé bientôt de lui imposer de nouvelles charges pour faire face aux dépenses de l'instruction laïque et gratuite. Ne devons nous pas choisir les défenseurs?

On nous menace de la colère de l'administration, si nous votons a pour le candidat de la préfecture, nous pourrons tout obtenir. Sinon, tout nous sera refusé. Ne comptez guère sur ces promesses que l'élection fera oublier.

On nous dit encore: pourquoi craindre de voter pour des républicains riches, modérés, qui ont tout à perdre avec les radicaux. Nous vous défendrons contre eux!

Sans doute, comme en 1793, ou en 1848, et en 1871, ou les modérés ont été les premières victimes des rouges avancés. Et déjà le gouvernement qui a rouvert la France aux assassins et aux incendiaires est obligé de plier devant eux.

Ne suivez point ces prétendus modérés; votez pour celui que vous connaissez, qui vous connaît, qui a passé toute sa vie parmi vous, auquel on a jamais demandé en vain un service, il sait ce que réclament les intérêts de l'agriculture qu'il a toujours pratiquée. Il partage vos idées et vos croyances, et il sera toujours le défenseur de vos droits et de vos libertés. Votez pour Mr de la Bassetière, et non pour un étranger dont le premier souci sera de se ranger aveuglément parmi les défenseurs des théories et des actes du gouvernement qui néglige les agriculteurs, persécute les religieux et accueille si bien les communards.

Je vous serre cordialement la main

E. Leroux

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