Prometheus

Pour le prix du plus mauvais film 2012, « Prometheus » de Ridley Scott est sans doute assez bien placé.

3D hélas

Je ne suis pas un fan de 3D relief, mais pas pour des raisons de principe. Voyons en quelques mots mes principales objections.

Les lunettes. Moi qui porte déjà des lunettes, je ne supporte pas les lunettes 3D par dessus les miennes. Cette objection est bien moins vive depuis hier, puisque j’ai pû me procurer des « sur-lunettes » spécialement prévues pour mon cas, comme dans le temps pour les lunettes de soleil. Elle sont si bien faites qu’on peut les porter même avant la projection 3D. Ça ajoute un peu de poids aux lunettes d’origine, bien sûr, mais ça reste raisonnable.

L’effet « M’as-tu Vu? ». Bien présent dans le film, il est particulièrement visible dans le spot Total que l’on voit parmi les pubs. Un texte est affiché juste sous votre nez tandis que des voitures font des ronds en fond d’écran. On a donc le choix, lire le texte et ne pas voir les voitures ou regarder les voitures (sur la Lune !). On peut difficilement imaginer pire.

L’exagération de l’effet. Au cinéma, on sait bien qu’on se trouve dans une salle et devant un écran, et à quelle distance. Si la caméra 3D joue avec la distance, se rapproche, s’éloigne, on est vite à la limite du malaise. C’est surtout présent quand la 3D est en avant de l’écran. Quand elle est en arrière, on peut se dire qu’on voit à travers une fenêtre, mais quand elle est en avant on a l’impression d’une maquette qui se déplace en l’air devant vous. Pénible.

Je suis persuadé que c’est un problème de tournage. On fera bientôt de la 3D relief raisonnable, sans vouloir à tout prix « faire 3D ». Une jolie fille ne doit pas montrer qu’elle est maquillée, le maquillage doit juste la faire encore plus belle, avec discrétion…

Rien de tout ça dans Prometheus.

Scénario

Le scénario surfe sur la vague nauséeuse de la dénonciation par des sectes de l’évolution des espèces. Tout a été créé par Dieu, pour certains, ici c’est par des extra-terrestres.

Et donc des « scientifiques » découvrent partout dans le monde une disposition d’étoiles unique gravée sur les murs et en déduit évidemment que l’Homme a été créé par des extraterrestres et que ceux-ci attendent notre visite. Rien que ça!

Bien sûr l’homme y va. Dans l’équipage, un robot (le même que celui d’Alien), quelques savants et quelques barbouzes qui ont accepté de partir sans savoir pourquoi, on va le leur révéler dans les premières minutes du film. Quand même 12 années en hibernation, sans doute plus vite que la lumière (sinon 12 ans c’est court). Ils se posent pas de question sur le cours du dollars à leur retour et n’ont pas lu Einstein, tant mieux pour eux.

Évidemment ils vont littéralement tomber sur les extra-terrestres en atterrissant, mais manque de bol ils ont été bouffés par des bestioles qu’ils avaient eux-même créés pour tuer les terriens…

Oui, ces extraterrestres qui nous ont créés et demandé de les rejoindre s’occupaient à revenir sur terre pour nous faire bouffer par leurs bestioles.

Après des péripéties dignes du grand guignol pour enfants en bas âge que je vais commenter plus loin, Sigourney Weavers va encore se trouver enceinte d’un monstre qui bouffera un extraterrestre pour se transformer en Alien. Bon c’est pas Sigourney, hélas, mais une pâle copie.

Les péripéties

Tous les clichés des série B sont accumulés autour du film.

Le robot humanoïde déjà vu dans Alien, y compris la tête coupée qui parle. Il sait évidemment ouvrir toutes les portes codées de la planète des ET et même leur parler dans leur langue!

Au début du film, dans une des rares scènes qui rendent bien en 3D, on voit les chutes du Zambèze en vue aérienne. Un gros vaisseau des V part dans l’espace et un ET resté sur Terre le regarde partir puis avale une boite de vers pour la pèche, ce qui le rend cassant et le réduit en poussière. Pourquoi ce suicide? Aurait-il été puni comme Robinson Crusoé? Nous n’en saurons pas plus.

Nous apprendrons assez vite que l’expédition a été financée par un vieux débris. Le vieux en question a appris à se maquiller chez des fabricants de papier mâché, même le père Fouras doit en rigoler dans sa barbe. Il se figure évidemment que Dieu (les ET, ici) n’a rien d’autre à faire que de le rajeunir, et il va être lourdement déçu.

12 ans en hibernation, ça secoue, et on va être témoins en 3D des nausées du réveil. Bon usage de la 3D…

Si les hibernés se réveillent, c’est qu’on est arrivé. Les hommes d’équipage et le commandant sont bien sûr des mercenaires virils, qui fument, qui boivent, qui pètent, mais qui ont un grand cœur et l’esprit de sacrifice. Ouf.

Un vaisseau intersidéral se pose sur une planète inconnue comme chez lui, il trouve une piste d’atterrissage toute prête! Immédiatement tout le monde ou presque se précipite dehors pour visiter les monuments, ils ont même un VAB (Véhicule de l’Avant Blindé, un transport de troupes à 6 roues, quoi…) et des quads… Et voilà tous nos joyeux fêtards en train de rouler à fond vers les ennuis.

A oui, il y a juste la bonne proportion d’azote et d’oxygène, sur cette planète, mais un peu trop de CO2. C’est curieux, il ne fait même pas chaud :-(, il faut donc quand même porter une combinaison.

La seul invention sympa du film, même si on l’a presque déjà vue dans Stargate Universe, c’est une sphère volante, mais en plus de la vidéo, elle fait aussi niveau laser et permet de dessiner une maquette sur la table du vaisseau.

Je ne vais pas vous ennuyer avec tous les détails idiots: les membres de l’équipage qui se perdent dans le labyrinthe malgré leur GPS, le film en 3D relief à la définition de merde qu’on passe à tous les visiteurs, les couillons qui vont faire mumuse avec le gentil boa/cobra extra-terrestre (qui va les bouffer), la tempête (de silice!) qui inquiète les scaphandriers mais pas le bon gros vaisseau et le pneu extraterrestre qui va écraser la misérable souris…

Vous pouvez parfaitement vous passer des détails, ne pas vous demander comment l’héroïne peut galoper dans les couloirs après une césarienne refermée à l’agrafeuse.

Bref j’aurais mieux fait de me payer un restau, hier soir, mais ca m’a quand même donné matière à un article :-)).